lundi 25 mai 2015

L'Île d'Olkhon, la perle de Sibérie


On ne s'attarde pas non plus à Irkustk où nous ne passons que la nuit, pour pouvoir profiter pleinement du lac Baïkal et de la belle île d'Olkhon. Il semble que le printemps soit définitivement arrivé dans toute la Russie, et même la Sibérie est sous le soleil! Depuis plusieurs jours, ce que l'on appelle le bras de "la petite mer" de 2km qui relie le continent à l'île d'Olkhon a fondu! Après nos 6h de mini van avec notre chauffeur fou, nous utilisons donc le ferry pour atteindre ce bras de "mer" et non l'hydroglisseur ou l'aéroglisseur de l'île comme c'est possible en hiver.


On ne connaissait rien de cette mer intérieure qu'est le Baïkal, mis à part son nom! Aujourd'hui on sait un peu plus sur l'ampleur de sa beauté et de ses richesses! 


Avec 636 km de long et 1642 m de profondeur, ce lac de 3,15 millions d'hectare concentre à lui seul 1/5 des réserves d'eau douce de la planète. Toute cette eau, pourrait à elle seule abreuver l'humanité toute entière en eau potable pendant plus de 40 ans. L'eau du lac est extrêmement pure même si au port de Koujhir, au sud de l'île, des carcasses de vieux navires russes ont pris possession des lieux. 


Le lac se fige complètement de mi-décembre à mi-mars avec des températures atteignant les -40, les véhicules circulent alors librement sur le lac, parfois non sans danger! Certains y laisserons leur voiture, d'autres leur vie... Nombreux sont ceux qui l'appellent le lac "Diedouchka Baïkal" soit Grand Père Baïkal, comme un vieux sage à aimer et à respecter, pour que chaque jour, sa beauté soit renouvelée. Nous assistons les premiers jours au dégel du lac de la "petite mer" sous un soleil radieux, les températures restent cependant fraîches et le vent glacial! Le silence et les premiers oiseaux migrateurs sur le bleu du ciel et de l'eau nous bercent dans un décor surréaliste. 



L'endroit est d'une beauté rare et d'une paisible tranquillité; tout comme le cœur de Serguei, notre hôte "couchsurfeur". Serguei est le carillonneur de la petite église orthodoxe, mais pas seulement, c'est un personnage clé de l'île! Il a eu l'idée de bâtir "Philoxenia" ou l'amour de l'étranger, une maison qui accueille des hommes et des femmes, des pèlerins, des routards, des vagabonds du monde entier, comme il aime le dire. Ce philosophe altruiste à l'éternel optimisme joue une place essentielle dans ce village de 1300 habitants; tout comme l'auberge Nikita, qui développe le tourisme depuis la fin de l'ère soviétique pour apporter l'eau courante, l'électricité et l'assainissement. Il y a encore 25 ans, l'île fonctionnait avec 2 générateurs allemands de l'après guerre! L'eau courante reste un gros problème pour beaucoup ainsi que le tout à l'égout. Il reste encore tant de choses à faire, nous dit Sergei, qui voudrait que l'hôpital s'équipe d'un laboratoire d'analyses sanguines et de médecins spécialistes. Valérie, si tu nous lis, ce message est pour toi... 


L'île d'Olkhon est à l'origine peuplée par les Bouriatres, les descendants des Mongols. Aujourd'hui, elle est d'une grande mixité avec diverses ethnies Russes, Bouriatres et même quelques européens. La petite église orthodoxe est tournée sur le lac, à 500m du Rocher du Chamane, lieu sacré des Bouriatres, au moment du dégel du lac. Orthodoxie et chamanisme cohabitent dans le respect de chacun. Au sommet de la colline, 13 poteaux marquent l'entrée du sanctuaire et chacun symbolise une divinité. Ces 13 totems et aussi des arbres sont entourés de tissus colorés bleu, rouge, vert, jaune représentatifs du chamanisme. Le sol est jonché de pièces en guise d'offrande face au Rocher, de sachets de thé, de bonbons Haribo et même de bouteille vide de vodka. La légende dit " l'arbre est sacré. Enserre son tronc d'un ruban et fait un vœu. L'arbre grandira, grossira et un jour le ruban tombera, et ton vœu sera accompli..."



Autre décor tout aussi surréaliste celui du "Far Est" comme l'appelle les russes. Ici à Oklhon, il n'y a ni bitume, ni asphalte pour faire office de route même à l'aérodrome. Juste une piste balisée qui traverse l'île d'est en ouest qui passe par le sud par le village de Koujhir. Et des centaines de chemins hors pistes qui font le bonheur des UAZ, ces vieux fourgons soviétiques à 10 places qui ressemblent au mini bus Volkswagen surélevé! Il y a aussi le modèle imitation Jeep!


Aujourd'hui, on a décidé de mettre la main à la pâte! JC est réquisitionné pour transporter des brouettes de terre!! Un travail d'homme ça! Pour ma part, je suis bonne pour gratter les salissures de peintures des châssis de fenêtres, de ceux qui ont peint la maison un peu à l'arrache. 



A Philoxenia, c'est un peu l'auberge espagnole, ça va, ça vient, des couples se forment, même! A notre arrivée, nous sommes 2 russes, Max et Yvan, 2 allemands, Sophia et Jasper, 2 coréens, Kishma et Kori. Chaque jour quelqu'un partira. Personne ne les remplacera. Nous finirons notre séjour à 4 avec Max et Yvan, pour attaquer le chantier d'isolation. Actuellement, plus personne ne dort à Philoxenia mais dans la maison de Sergei en construction! Il fait donc assez froid sans isolation! La nuit, j'ai 4 couvertures plus mes habits techniques, gants et bonnet compris! La cuisine fait également office d'établi, c'est le chantier ici! 


Entendre Sergei sonner les cloches le 9 Mai pour la messe commémorative des soldats décédés dans ce grand silence est émouvant. Les cloches n'ont pas de tintement funestes, au contraire, c'est le cœur de Sergei qui chante! Il ne reste plus grand chose du lac glacé de notre premier jour. Nous faisons une petite pause pour voir encore et encore le lac; chaque jour sa beauté est différente. On comprend vite que chaque saison est magique. Aujourd'hui il y a encore plus d'oiseaux migrateurs, et des fleurs parme au bouton jaune font leur apparition sur la taïga.


Le lendemain, nous décidons de faire "l'excursion" phare d'Olkhon avec l'auberge Nikita; à savoir aller à la pointe de l'île au nord, au Cap Khoibi. Départ 11h, à bord d'un des UAZ de l'île pour découvrir les merveilles de l'île. En fait l'excursion n'en est pas vraiment une!! Le conducteur est russe et nous ne saurons rien des lieux! C'est un peu décevant car la sortie n'est pas donnée ( 800 roubles, repas compris ), surtout que l'on sait que chez Nikita, ils ont des gens qui parlent français ou du moins anglais! Bref... Heureusement que les paysages envoûtants sont à la hauteur car ce n'est pas non plus le maigre repas à base de soupe d'oumoul, ( le poisson du lac Baïkal ) que l'on nous sert qui vaut le prix de la sortie!



                     
 On consacre nos deux derniers jours aux travaux d'isolation des murs. Pour cela, il faut d'abord percer les murs avec une scie cloche, pour faire des fenêtres de coucou comme dirait Sergei! J'ai d'ailleurs appris à manier cet engin et fait mes premiers trous à la scie cloche, très fière de moi!! Ce travail a bien pris une journée vue la taille de la maison! Puis ensuite, il a fallu bourrer les murs de laine de cellulose avec une grosse machine qui souffle l'isolant dans le mur. En 48h, c'est devenu un chantier pas possible!! On a tous bien mordu la poussière!


Après tout ça, un bon décrassage s'impose au banya. Il est d'ailleurs impossible de venir en Russie sans tester ce sauna traditionnel et surtout à Oklhon car les douches se font rares et payantes! Le banya, c'est 4 pièces, de plus en plus chaudes pour atteindre une température avoisinant les 90 degrés. Et ça monte, vite... Surtout que JC s'amuse a jeté des sauts d'eau entier sur les pierres déjà brûlantes, la dernière pièce devient vite insoutenable! La séance dure 1h, mais comme la saison est à peine commencée, on traine 1h20 à se gommer, se prélasser, puis on assiste au coucher du soleil...


Nous n'oublierons pas notre passage à "Philoxenia 2"! Et on espère bien revenir un jour, en hiver pour marcher sur la glace, se baigner dans les eaux gelées du Baïkal selon la tradition et gagner peut-être 10 ans de longévité, ou encore partir en expédition dans le grand nord! Sergei nous a promis la même grande chambre ( isolée et chauffée, cette fois ) face au lac Baïkal; quant à nous, on lui promet de lui faire du bon pain français et un vrai tiramisu dans sa vraie cuisine!!

La vie est ainsi faite de rencontres que l'ont n'oublies pas! Sergei, parle lui de la providence! Le hasard est la main de Dieu, qui nous amenée à Oklhon. 

2 commentaires:

  1. Superbe compte rendu de votre passage à Olkhon Island. Quel plaisir de le redécouvrir à travers vos yeux. Je vois que les travaux chez Serguei continuent d'avancer toptop.

    Mars / Avril donc pour le dégel, c'est donc à cette période que je planifierai mon retour sur ces lieux magiques.

    D'ailleurs pas un mot sur l'aspect chamanique de l'île et son fameux rocher ?

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    1. Malheureusement, on a pas eu l'occasion de rencontrer de Chamane. Les cérémonies chaminiques se font apparemment plus en hiver, quand les gens du village s'immergeant complètement dans le lac après avoir percé un trou dans la glace à la tronçonneuse. Mais je pense que tu as loupé le petit paragraphe qui parle des traditions chamanes.

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